Le prisme de la mémoire est devenu important dans mes démarches. Je me demande si l’IA peut simuler des troubles mnésiques et j’aimerais me servir de ces résultats pour nourrir un dialogue entre perceptions, interprétations et souvenirs, illusion d’un même texte.
J’ai fait le constat que je ne me souviens que d’une infime partie de l’histoire, que son début en fait, je ne me souvenais même pas qu’il s’agissait du roman d’une transplantation cardiaque. Mon cerveau a balayé presque l’intégralité du sujet pour ne garder qu’une image, une scène qui a été altérée et modifiée au fil du temps pour aboutir au fait que le souvenir que je me fais de ce livre n’a rien à voir avec la réalité !
C’est en se plongeant dans cette idée d’expérimenter autour de la perception sensorielle d’un livre que peu à peu des éléments de lecture me sont revenus. Je me suis dit qu’il fallait que je profite de cette situation psychique pour travailler directement sur mes fragments de mémoire et voir comment certains déclics peuvent étayer ma clairvoyance en m’appuyant sur ce livre qui m’a fortement touchée.
Mon point de départ était le style d’écriture de Maylis de Kerangal dont le souvenir que j’en avais de sa finesse m’entrainait à interroger la perception l’interprétation de la littérature. Mais au moment de me confronter aux oeuvres que j’avais lues je me suis rendue compte qu’il ne me restait presque rien du livre par lequel j’étais entrée dans l’univers littéraire de l’auteure. C’est alors que je me suis plutôt concentrée sur la mémoire en me demandant comment je pourrais orienter mes expérimentations avec l’IA vers les processus psychiques du souvenir et de l’oubli… C’est là que je raccroche ma réflexion avec la perception dans le sens où j’aimerais confronter ce que perçoit une mémoire de machine et la mienne, tout en passant par d’autres interprétations.
Au tout début, j’ai focalisé de manière assez frénétique sur l’ambiance de la session de surf dont je me souvenais, j’ai utilisé Midjourney pour générer des visuels qui retranscriraient cette illusion dont j’avais le faux souvenir.






Nous étions encore dans la découverte de l’infinitude des outils dont on pouvait disposer grâce aux IA génératives, je me suis donc amusée à prompter des vidéos.
De plus, la couverture de l’édition sur laquelle j’avais cru identifier la queue d’une baleines entrant dans la mer, mais que nenni. EN m’y penchant plus précisément, il s’agit d’un extrait de la série photo « The place in between » de Narelle Autio qui capture un corps humain entrant dans l’océan. C’est aussi le cadrage qui joue des tours à ma perception.


